|
|
||
|
288 [i585] JOURNAL
haute de l'évêché de Paris, auquel il convia un bon nombre des plus belles et braves dames de Paris; et après le repas y fut fait un ballet, auquel ballerent et dansèrent six vingt personnes des deux sexes; et si somptueusement habillées et diaprées, qu'on le disoit couter plus de vingt mil écus.
Le io mars, premier dimanche de carême, le Roy, pour recréer les milords anglois, fît encore dans la salle de l'évêché un bal qui dura depuis les dix heures du soir jusqu'à trois heures du matin.
Au commencement de ce carême, M. Du Gast mon beau-frere, conseiller du Roy en son conseil d'Etat et privé, mourut en sa maison à Paris d'une mort si inopinée, qu'à peine eût-on le loisir de bander son bras après la saignée. Le soir avant le jour de sa mort, M. le chancelier lui avoit envoyé ses dépêches pour les sceaux de la reine d'Ecosse, que M. de Guise lui fit avoir, nonobstant toutes brigues au contraire. Il étoit très-homme de bien, et des plus judicieux et des moins corrompus de ce siecle; il étoit âgé de plus de soixante ans. L'ambassadeur d'Espagne assista à son convoy.
En ce tems on commença à découvrir l'entreprise de la sainte Ligue, de laquelle ceux de la maison de Guise, joints à ceux de la maison de Lorraine, étoient les chefs, secourus par le Pape, par le roy d'Espagne, et par le duc de Savoye son gendre : ligue pourpensée et inventée par deffunt Charles cardinal de Lorraine, voyant la lignée de Valois proche de son période. Le Roy, averti de tous ces remuëmens, et des levées de gens de guerre par le duc de Guise, commença à se tenir sur ses gardes; mais si négligemment, qu'on entra
|
||
|
|
||
|
Digitized by
|
||
|
|
||